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Commune de Bèze

À la fin des années 850 on parle de l'invasion des Normands, de plus en plus menaçante...

Mais sans y croire !

Ils arrivent pourtant aux portes de Dijon en 878, tranchent la tête de l'abbé de Saint-Bénigne et se retirent. Cette deuxième partie du IXème siècle est secouée par les incursions des Normands qui brûlent églises et monastères, tuent et pendent les chrétiens, torturent les moines, rançonnent les villes. En réaction, une sorte de fanatisme religieux apparaît. On se dispute les reliques des premiers martyrs. Pour s'en procurer, on n'hésite pas à entreprendre des voyages fatigants. Les lointains pèlerinages, qui nous déconcertent aujourd'hui, favorisent ces entreprises.

C'est ainsi que Geilon, évêque de Langres, part à Saint-Jacques de Compostelle et, à son retour, s'arrête à Narbonne, remarque les reliques de Saint-Prudent auxquelles il trouve qu'on rend peu d'honneur. Il les subtilise et les dépose en l'église abbatiale de Bèze, à son retour le 8 octobre 883. Immédiatement, c'est l'enthousiasme. La foule est là. Avant même d'entrer dans le sanctuaire, le bienheureux martyr opère des miracles.

Plus de vingt dans les années qui suivirent, nous rappelle le moine Thibaut, qui a écrit un livre sur « Les miracles de Saint-Prudent » au début du XIIème siècle. Mais cet enthousiasme perturbe les moines qui ne peuvent entrer dans l'église sans y trouver des malades et leurs familles implorant le saint à haute voix.

L'abbé Guillaume décide, en 1011, de construire une grande chapelle en l'honneur de Saint-Prudent sur la colline qui domine le monastère à l'Ouest. Des bâtiments, construits à côté, deviennent la demeure des moines chargés de la desservir, car c'est par milliers que les pèlerins accourent vers la nouvelle chapelle.

Bèze possédait une léproserie au XIIIème siècle, en dehors du village. « Des mémoires particuliers nous apprennent que la chapelle Saint-Prudent servit autrefois de maladrerie ». Il est vraisemblable, en effet, que les lépreux aient été installés dans les dépendances de la chapelle, dès sa création, avec l'espoir de miracles du saint guérisseur.

La chapelle Saint-Prudent reçoit aussi les paroissiens à la place de l'église Saint-Remi, très endommagée lors du passage des troupes de Gallas, en 1636, et interdite au culte à la fin du XVIIème siècle, et cela jusqu'à sa reconstruction en 1770.

En 1791, la chapelle est vendue comme « bien national » au sieur Aubin Bureau pour la somme de 1125 livres et transformée en logement. Elle est partagée dans sa longueur en trois pièces et en trois étages dans sa hauteur. Elle conserve encore, apparente dans son grenier, sa charpente d'origine voûtée en bois de châtaignier et la petite rose éclairant faiblement son chevet.